Peut-être l’aurez-vous remarqué, mais il s’opère depuis quelques temps une forte charge médiatique, qu’on dirait “orchestrée”, contre la géobiologie. Cette charge est particulièrement notable et accélérée depuis la publication fin janvier 2024 d’un rapport officiel émanant du ministère de l’agriculture faisant état du bénéfice ressenti par les éleveurs suite à l’action de géobiologues. À tel point que L’Express (version WEB), Le Figaro (version WEB) ou encore Ouest-France ont publié, à quelques jours d’intervalle, des articles relativement semblables, aux allures de copiés-collés, sur le thème de la géobiologie comme “pseudo-science”.

Ces articles sont globalement sans réels intérêts (j’y reviendrai) mais profitent d’une puissance d’exposition relativement élevée. Il suffit de constater à quelle vitesse ces articles arrivent en tête de liste Google quand on tape “géobiologie ” pour s’en rendre compte.

 

Une charge de concert

Cette charge de la part de journaux nationaux est complétée de concert par des “streamers” ou “youtuber” ou “pseudo-journalistes” du WEB comme “G Milgram” ce dernier avance même l’idée que les géobiologues seraient tellement puissants qu’ils auraient “noyauté l’État”. Certains sont un peu trop biberonnés au séries télé je pense. Il apparait par ailleurs que le nombre de ces attaques est proportionnel à l’intérêt du public envers la géobiologie. Nous aurions donc à faire à une réaction de l’ordre établi, de la voix qui domine. Que le journal L’Express ou Le Figaro apparaissent comme les thuriféraires de cet ordre étonnent moins que pour les pseudo-journalistes du WEB qu’on espérait moins emprisonnés….et pourtant.

Ces récents articles, comme les précédents, et notamment ceux de L’Express, usent toujours de la même rhétorique et du même angle d’attaque à savoir la qualification de la géobiologie comme “pseudo-science”. Ces pseudo-journalistes se présentent alors à nous comme les gardiens de ce que serait “la science”, la vraie, la bonne et feraient obstacle (quel courage !) à ceux qui s’en revendiqueraient abusivement. Tout ça évidemment, sans sortir des salles de rédaction tellement confortables. Curieuse posture de journaliste, car si l’on en croit le cadre décrit par Christine Cognat et Francis Viailly dans leur livre “Le journalisme en pratique” “La vérité doit être complète, de façon à ne pas mentir par omission ou altération. Un journaliste va plus loin que le fait brut ou l’information officielle. Il a le devoir de décoder l’information et de la replacer dans son contexte ou de la mettre en perspective, jamais dans son intérêt, mais dans celui du public.” Ils précisent également qu’un journaliste “ne peut cependant prétendre à l’objectivité dans la mesure où il choisit, hiérarchise et travaille l’information.” Il parait évident en lisant les articles en question qu’il n’y a pas d’objectivité dans ces articles mais bel et bien un parti pris. Veulent-ils véritablement informer le public sur ce qu’est réellement la géobiologie ? Non, ils assènent un point de vue.

 

Mais qu’est ce que la science et que veulent-ils préserver au juste ?

 

Définir la science est bien délicat mais en voici une définition : “la science désigne l’ensemble des connaissances humaines qui se rapportent à des faits obéissant à des lois objectives (ou considérées comme telles) et dont la mise au point exige systématisation et méthode”. La science apporte donc des connaissances (lois objectives) en s’appuyant sur une “méthode scientifique” pour démontrer ces lois. Sous entendu que la science n’a pas de fin en soi, qu’elle est en perpétuelle évolution et qu’elle se contredit parfois. Il suffit de penser aux débats intenses qui se sont produits entre 1910 et 1935 entre les physiciens de la physique quantique (Bohr, Plank) et de la physique mécanique (Einstein). Elle n’est donc pas un monolithe, ni immuable, ni imperturbable et est, elle-même, soumise à des questions philosophiques.

Ces pseudo-journalistes défendent moins la science (ce serait plutôt le rôle des scientifiques d’ailleurs) que l’innovation technologique trop souvent considérée comme “progrès”. Hors, toutes les innovations technologiques ne sont pas des progrès, loin de là…La bombe H est-elle un progrès ? Envoyer une voiture en satellite dans l’espace est-ce un progrès ? Ces “exploits” émanent pourtant de cerveaux scientifiques non ?

Les scientifiques ne forment pas non plus un corps homogène. Il est important de comprendre que la recherche fondamentale, la science sans autre but que de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons, n’existe quasiment plus. Le financement de la science aujourd’hui provient en grande majorité du privé, c’est à dire des entreprises et notamment des groupes industriels. Selon un rapport de Science Po de 2022, la France fait un peu exception car “selon le rapport de l’OCDE (2014) la part du financement public de la dépense intérieure de recherche et développement était de 50% en 2010 (CIR inclus), elle est entre 56 et 58% en 2018 selon nos calculs. Pour l’Allemagne et le Royaume-Uni, cette part avoisinait les 30% en 2010. ” Hors, pour les industriels et les entreprises, la recherche qu’ils financent se doit de déboucher sur des applications, des produits à vendre, des “innovations technologiques” nourrissant une certaine économie (industrielle). Cette mécanique produit un véritable biais dans les motivations mêmes de la recherche scientifique.

source : projetpangolin.com

Alors que les géobiologues sont accusés de détourner de l’argent public (sans aucune forme de preuve) Il n’est pas inutile de rappeler à ces pseudo-journalistes que la presse, qui n’est pas une science jusqu’à preuve du contraire est elle-même en partie subventionnée par l’État. Pas moins de 409 millions d’euros ont ainsi été versés en 2023 au titre ‘d’ aides directes”, “d’aide au pluralisme”, “d’aides au transport et à la diffusion”, “d’aide à l’investissement en faveur de la modernisation” ou encore dans le cadre “d’une aide exceptionnelle”. L’Express ayant perçu lui 914 488 € d’aide directe cette même année.

Dans un article très court de L’Express (encore lui) datant du 14/08/2020 et titré “La géobiologie, un business juteux, en plus d’être une dangereuse pseudoscience” (original !), un certain “SP” est questionné sur ce sujet afin qu’il fasse part aux lecteurs attentifs de son avis sur ce sujet. Ceci sans plus nous dire qui est ce fameux “SP”. Il s’agit de Monsieur Sébastien POINT. Selon Wikipédia ce fameux Sébastien POINT est ingénieur/physicien qui “a régulièrement et publiquement dénoncé les discours qu’il juge « alarmistes » sur les ondes électromagnétiques”, “il considère notamment qu’il n’y a pas de preuve de cancer, et rien à craindre des ondes de téléphonie mobile ; fustigeant une logique politique propageant « une peur fondée sur un sujet difficile d’accès » ainsi qu’« une manipulation des esprits »”. Il faut quand même être sacrément peu informé ni curieux de son sujet pour énoncer une telle contre vérité !! Les études scientifiques qui montrent des effets avérés sur la biologie humaine tant au niveau des cellules, que de l’ADN que des organes entiers (cerveau) existent pourtant par milliers ! Son profil Linkedin nous indique qu’il est actuellement “ingénieur au CNRS” et qu’il conçoit “des programmes d’études ou de recherche partenariale et couvre les domaines des transports et industries du futur et newspace”. “Partenariale” comprenez “avec l’industrie”, l’industrie du futur apparemment….on voit donc mieux, en fouillant, pour qui cet “expert” roule et qui il protège.

 

D’où parlent ces pseudo-journalistes ?

 

 

Le journal L’Express appartient à Monsieur Alain Weill racheté à Monsieur Patrick Drahi qui lui-même l’avait racheté en 2015. Alain Weill a pu racheter 51 % des parts en 2019 pour un euro symbolique dans un geste d’étroite collaboration avec Monsieur Drahi. Il est nécessaire de rappeler que Monsieur Patrick Drahi entrepreneur milliardaire à la quintuple nationalité est aussi le patron de SFR, deuxième opérateur du pays ! Un poseur d’antennes quoi !

Le journal Le Figaro quant à lui appartient au groupe “Le Figaro” qui appartient à la famille Dassault, fabriquant d’armes de guerre. On n’est pas aidé.

Ce que ces articles révèlent en définitive, et qui est plutôt assez inattendu, c’est que l’industrie se défend. Elle semble considérer la géobiologie comme un danger potentiel et l’attaque par les moyens coordonnés dont elle dispose, ça prêterait même à sourire si ce n’était pas aussi pitoyable.

Effectivement nous sommes choqués, en tant que géobiologues, par ces attaques…mais les lecteurs du Figaro s’intéressent fondamentalement moins aux géobiologues qu’aux cours de la bourse. Ce journal l’annonce dans ses propres pages puisqu’il se targue de 5 000 000 de lecteurs (presse, web, etc.) mensuels dont une grande proportion de “grands lecteurs que sont les dirigeants et les cadres supérieurs” estimés comme des “« influents » qui ont à la fois un fort pouvoir d’achat et un impact sur les autres comportements de consommation.”

Le véritable but de ces journaux est moins l’information qu’ils diffusent que l’influence qu’ils exercent quant aux choix de consommation ou sur les comportements de leur lectorat. Et à voir les publicités abondantes qui polluent les pages WEB de ces titres on comprend que l’objectif réel et concret est de vendre de la “tech”…nouvelles voitures, nouveaux téléphones, nouveaux objets connectés…le bonheur quoi ! Ce à quoi, peut-être, les géobiologues tentent modestement de s’opposer.

G Milgran se positionne quant à lui, comme le défenseur masqué des consommateurs naïfs, traquant sans sortir de sa chambre les “arnaques” commerciales…une sorte de chevalier des temps modernes, avec une mission sans fin, l’ordinateur portable remplaçant l’épée. On pourra reconnaître un certain humour à G Milgram et aussi un certain sens commercial puisqu’il invite ses “followers” à investir dans sa chaîne tout en tentant de leur vendre, ici un abonnement à une plateforme multimédia, là une appli d’apprentissage de langue ou de magnifiques matelas ! Un véritable homme sandwich !

 

La géobiologie prétend-t-elle être une science ?

Hormis une école française girondine qui prétend pompeusement faire de la géobiologie scientifique, les géobiologues dans leur ensemble n’ont jamais revendiqué faire de la science ! Jamais. Car au contraire, cette pratique est subjective, l’analyse qu’elle permet sur un lieu passe par le corps, par le ressenti, par la sensation…c’est une approche sensitive du monde et non technique. Il ne s’agit pas pour elle d’abandonner toute disposition technique ou toute analyse technique, mais de mettre à plan égal, une approche “sensible” et “technique”.

Non les géobiologues ne sont pas des scientifiques, c’est vrai. Mais voilà, ils ne se sont jamais déclarés comme tels. L’attaque est vide de sens et ne repose sur aucun fondement.

Le premier pas vers la science n’est-il pas la reconnaissance du fait ? L’observation ? Or, vous remarquerez qu’aucun de ces articles, ni les vidéos de G Milgram n’évoquent les “faits” qui motivent dorénavant certaines chambres d’agricultures à demander des études géobiologiques avant l’implantation d’un nouvel élevage ou d’un parc éolien. Pourtant ceux-là sont parfaitement documentés dans le rapport édité par le Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER) et publié en janvier 2024. Précisons que ce rapport fait suite à une enquête nationale vers les éleveurs.

Quels sont ces faits ?

“Au total, sur 235 éleveurs indiquant des troubles du comportement de VL (vaches laitières), 59 affirment que ceux-ci ont régressé mais seuls 4 sans intervention de quiconque. En revanche, à 53 reprises (90% des cas) l’intervention d’un géobiologue est mentionnée et même à 40 reprises (68%), le géobiologue est déclaré comme le seul intervenant déclaré ayant permis la régression des troubles observés”.

L’enquête adressée aux éleveurs leur permettait également d’ajouter des commentaires. L’ensemble des commentaires ont été analysés par les auteurs du rapport qui signalent que “Des appréciations sur la qualité des interventions en élevage ont été régulièrement portées dans les commentaires. Il a été retenu une classification au regard du bilan que fait l’éleveur de l’intervention d’un partenaire :

 Indice 0 : l’éleveur n’est pas satisfait de l’intervention

 Indice 1 : l’éleveur cite un intervenant sans préciser la qualité de la prestation

ï‚· Indice 2 : l’éleveur estime que l’intervention a contribué à diminuer ou supprimer les perturbations”.

Ce tableau des commentaires révèlent que les éleveurs ont une meilleure appréciation des géobiologues que des techniciens du GPSE, des vétérinaires et autres techniciens de réseaux électriques ou électriciens. C’est un fait non négligeable, non ? Pourquoi les pseudo-journalistes n’en parlent pas dans leurs articles ? Et qu’est ce qui peut bien conduire les éleveurs à cette bonne appréciation des géobiologues ? Voilà autant de questions que pourrait se poser un journaliste, un vrai, un enquêteur.

La raison est la suivante : quand un éleveur rencontre un problème sanitaire grave et soudain dans son élevage, il apparait que dans un certain nombre de cas, les instances officielles, les intervenants ordinaires n’apportent pas d’explications ni de solutions satisfaisantes, ni d’amélioration. Mais les géobiologues compétents, avec leur approche différente, avec leur analyse “sensible” et “technique” arrivent parfois à remédier aux problèmes et à faire recouvrer à l’élevage, une production habituelle. Bien sûr nous pouvons considérer que les méthodes employées par les géobiologues ne sont pas toujours bien lisibles, ne sont pas toujours bien compréhensibles et qu’elles ne font pas toujours appel à une connaissance scientifique, mais ils ont des résultats. Ceci est un fait. Et les éleveurs le voient tout simplement par le comportement de leurs animaux et par les indices de productivité. D’une certaine façon, le comportement des animaux permet d’objectiver l’action du géobiologue. En la matière, on ne peut pas accuser les animaux d’élevage de profiter d’un effet placebo ni d’être influencés par le géobiologue.

C’est aux scientifiques de s’intéresser à ce que font les géobiologues, à ce qu’ils détectent à ce qu’ils comprennent de ces phénomènes particuliers.

Les géobiologues ne sont pas des scientifiques mais je peux vous assurer qu’un bon nombre d’entre eux seraient tout à fait prêts (moi y compris) à intégrer des protocoles scientifiques afin d’éclairer davantage leurs connaissances ! Avis aux intéressés !

 

Un monde, deux visions

Ce mini-buzz médiatique révèle aussi des visions du monde bien différentes. Les travaux du Labex ITTEM (laboratoire en sciences humaines) a mis au jour notre besoin plus ou moins caché de renouer avec une relation sensible au monde. Depuis plusieurs décennies déjà, voire plusieurs siècles, nous entretenons avec notre monde unique et fragile une relation d’usage. Le monde est à notre merci.

Oui, nous usons le monde.

Notre Terre si fragile

Nous le perforons, nous le griffons, nous le polluons, nous tuons le vivant, nous l’exploitons à un point tel que même le “vivant” dans un sens large est aujourd’hui grandement menacé. Et il est facile de constater que cette destruction n’a été possible qu’avec l’avènement de la technologie (fruit de la science) qui a conduit à une extraction phénoménale des ressources pour une production phénoménale d’objets inutiles ! Cette “usure” du monde nous mène aujourd’hui à deux catastrophes sans précédent:

L’extinction en masse de la biodiversité

Le dérèglement climatique global

Donc il n’est pas tout à fait stupide de regarder cela froidement et de s’opposer, à sa modeste mesure, à cette course en avant de la technologie, sans but distinct, si ce n’est fabriquer toujours plus d’objets, en extrayant toujours plus de matière et en détruisant toujours plus le vivant.

La géobiologie est un de ces endroits rares où l’on met de côté son éducation, ses certitudes, sa façon ordinaire de voir le monde, pour réveiller à nouveau cet instinct sensible qui est en nous, intuitif, ce sens de la relation aux paysages, au sol, au vivant et qui a permis à homo sapiens de traverser les âges, depuis la nuit des temps, sans smartphone ni Tesla.

Note : Nous n’avons pas mis de liens vers les articles dont il est question ni vers les vidéos de G Milgram, pour ne pas augmenter leur visibilité, mais vous les retrouverez facilement par les indications données.

 

Auteur : Bruno MONIER

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